« Le Nicaragua est dans un état critique alors que le gouvernement suit le modèle cubain consistant à tenter d’éliminer ou de coopter la société civile indépendante. »
Au Nicaragua, l’évêque Rolando Alvarez est assigné à résidence depuis le mois d’août dernier. Le site de presse gouvernemental El 19 Digital vient d’annoncer le maintien de cette assignation.
Mgr Alvarez est accusé de « crimes de complot en vue de porter atteinte à l’intégrité nationale et de propagation de fausses nouvelles par le biais des technologies de l’information et de la communication au détriment de l’État et de la société nicaraguayenne ». Une première audience aura lieu le 10 janvier prochain.
Le révérend Uriel Vallejos est également accusé dans cette affaire. Il aurait quitté le pays. « L’autorité judiciaire a adressé une lettre officielle à INTERPOL pour sa capture », précise El 19 Digital.
Christian Solidarity Worlwide (CSW) vient de publier un nouveau rapport sur la liberté religieuse au Nicaragua. Intitulé Nicaragua : la société civile assiégée, dénoncent « des violations, notamment la détention arbitraire, le refus d’entrée au Nicaragua ou l’expulsion forcée du pays, les menaces, le harcèlement, l’annulation forcée d’activités religieuses, la confiscation de biens et l’annulation arbitraire du statut juridique d’organisations de la société civile, y compris de nombreuses organisations religieuses, à grande échelle ».
L’organisation affirme que « le gouvernement nicaraguayen sous la direction du président Daniel Ortega et de son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo, a resserré son emprise sur le pouvoir et intensifié ses efforts pour éradiquer les voix critiques du pays ».
Un défenseur nicaraguayen des droits humains a déclaré à CSW :
« Ortega emprisonne tous les [dirigeants] religieux et toute église qui élève la voix en faveur du peuple et contre la dictature. Il veut donner aux pays étrangers l’impression que tout est en ordre et qu’il n’y a pas de problème au Nicaragua. En interne, il opprime la grande majorité des personnes qui vivent sans information à cause de la pauvreté. Très peu ont accès aux réseaux sociaux car ils ne peuvent pas couvrir les frais puisque le peu qui est gagné quotidiennement est [dédié] à la survie de leur famille. La dictature domine les médias radio et télévision, les réseaux câblés privés. Il a éliminé peu à peu les chaînes religieuses et les radios. Il a fait la même chose avec les radios privées pour que l’on découvre ce qui se passe réellement dans le pays. »
Pour la responsable du plaidoyer de CSW, Anna Lee Stangl, « le Nicaragua est dans un état critique alors que le gouvernement suit le modèle cubain consistant à tenter d’éliminer ou de coopter la société civile indépendante ».
M.C.